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François d’Assise et la pauvreté franciscaine

François est connu sous le nom affectueux  de “Poverello d’Assise”, le Petit Pauvre. C’est en raison de sa recherche, puis de son amour de la pauvreté. En effet, sa conversion radicale à vivre l’Évangile de Jésus, à la lettre, se manifesta dans l’application immédiate de la Béatitude de la Pauvreté.

Le contexte social

Issu d’un milieu de nouveau riche, où l’argent était considéré comme la plus sûre valeur, il s’était dépouillé publiquement de ses biens, en présence de l’évêque d’Assise et en renonçant même à dépendre en quoi que ce soit des biens de sa famille. Dès le début  de la fraternité, Il avait contraint ses premiers compagnons à faire de même, il recherchait la compagnie des pauvres et des mendiants. Quand il écrivit, en peu de mots, une Règle de vie, il prescrivit aux Frères de n’avoir aucun bien, de ne toucher aucun denier, et même de mépriser l’argent. Plusieurs fois il renvoya de la fraternité ceux qui ne voulaient pas pratiquer ce refus de l’argent. 

Il convient de rappeler cependant que la recherche d’une vie pauvre, “selon l’Évangile” n’était pas une spécificité franciscaine. Les mouvements évangéliques populaires de France et d’Italie du Nord aux XIIe et XIIIe s.,  prescrivaient la pauvreté évangélique. Cela se manifestait déjà dans leurs  dénominations : “Les Pauvres de Lyon”, “les Humiliés de Lombardie”...etc...Tous ces groupes de chrétiens contestaient la richesse des prélats, l’alliance de l’Église avec les riches, spécialement avec les feudataires, mettaient en commun une partie ou la totalité de leurs biens et s’alliaient objectivement avec le monde des pauvres. Ils considéraient la pauvreté comme une des conditions indispensables pour promouvoir un renouveau évangélique.  Il est indéniable que l’expérience franciscaine s’inscrit pour une part dans ces aspirations populaires.  Néanmoins, elle s’en distingue très nettement par les motivations profondes que François a donné lui-même de ce choix évangélique, probablement à la suite des diverses étapes de sa conversion, de sa méditation de l’évangile, et de son expérience de la vie fraternelle.  Aujourd’hui, pour parler de la pauvreté évangélique de François d’Assise, en partant de ses écrits et des récits de ses compagnons, on totalise les divers aspects d’une expérience spirituelle qui se sont révélés à lui par étapes pour constituer une véritable doctrine spirituelle.

Une mystique de la pauvreté

Pour François, la Pauvreté est une mystique, une valeur théologale. Sans doute elle doit s’incarner dans l’amour concret pour les pauvres et dans le dépouillement effectif des biens terrestres et surtout de l’argent. Mais le véritable motif de la pauvreté évangélique, c’est que « le Seigneur Jésus lui-même, et sa sainte Mère ont choisi la pauvreté. »  Car tous les biens appartiennent à Dieu qui seul est Bon, origine de tous biens. Devant Dieu, l’homme est comme un mendiant qui attend tout de son bienfaiteur, ou mieux comme un fils qui attend tout de son Père. La spiritualité franciscaine est une spiritualité de Fils de Roi. Le Fils ne possède rien, mais il peut jouir de tout. Il ne peut rien s’approprier, et il doit tout recevoir dans l’action de grâces. Il ne peut rien accaparer pour lui seul, puisque tout est mis à la disposition de tous les fils de Dieu. C’est donc une pauvreté joyeuse, ouverte au partage. Elle est volontaire et non pas subie. Elle ne se confond pas avec une misère dégradante et aliénante. C’est pourquoi les victimes de la misère doivent être aimés et secourus.

Nous parlons de valeur théologale pour signifier que c’est en relation à Dieu et à son Christ que la pauvreté est voulue et chérie. Elle est d’abord une réponse humaine à la générosité divine qui nous a créés gratuitement et nous a comblés des biens créés et des grâces du salut en Jésus-Christ.

 « Telle est la grandeur de la très sainte pauvreté qui vous a établis, vous mes très chers frères, héritiers et rois du royaume des cieux, vous a faits pauvres en biens terrestres mais richement dotés de vertus. Qu’elle soit votre partage, elle qui conduit dans la terre des vivants. Attachez-vous à elle totalement, frères bien-aimés, et pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, refusez à jamais de ne posséder rien d’autre sous le ciel. »( 2e Règle.6,1-4).

            Ceux qui ont voulu voir en François d’Assise un  précurseur d’une révolution sociale pour la promotion des pauvres se sont trompés, en minimisant ses véritables motivations. Il est vrai qu’il a quitté Assise et le milieu des marchands, représenté par son propre père, et qu’il a manifesté ce refus en mendiant son pain et en montrant son compagnonnage avec les miséreux, et cela a beaucoup marqué ses contemporains, mais ce n’est pas pour les pauvres, ou pour les servir qu’il a choisi la pauvreté, mais bien par amour du Père qui nous a tout donné, et de son Fils Jésus-Christ qui a vécu lui-même dans la pauvreté.

On ne comprendrait rien au choix qu'a fait François de la pauvreté si l'on se contentait de l'expliquer comme une réaction contre un type de société, un simple refus du matérialisme. Son choix est totalement dépendant de sa relation à Dieu et de sa découverte du Christ qu'il veut suivre en acceptant l'Évangile et toutes ses exigences. C'est précisément cette référence explicite à l'Évangile qui fait de la pauvreté franciscaine un idéal qui peut continuer à solliciter les chrétiens de chaque génération. Les vrais raisons des engagements de François sont les conseils évangéliques : « Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu possèdes, donnes-en le prix aux pauvres…, puis viens et suis-moi.» (Mt 19,21). C'est aussi la contemplation de Dieu comme souverain Bien auquel tous les autres biens doivent être rapportés parce qu'ils lui appartiennent. Dès lors, toute appropriation des biens de ce monde apparaît à François comme un détournement. Il contemple Dieu comme un Père munificent et libéral qui fait à l'homme le don de l'existence et met à sa disposition la multiplicité des êtres créés. La vocation de l'être spirituel est de contempler la beauté et la bonté de Dieu dans toutes les créatures. A partir du moment où celles-ci seraient l'objet du désir, elles cesseraient d'être admirées gratuitement et pour Dieu.

Le Verbe de Dieu créateur et possesseur de toutes choses s'est fait pauvre en ce monde en Jésus « qui n'avait pas une pierre où poser la tête. » Il est pourtant salué, dans l'Écriture, comme le premier né des créatures et le chef de la création

Dans les deux Règles qu’il a écrites pour les frères, François insiste pour que les frères et les fraternités adoptent un dépouillement total des biens et des préoccupations les concernant : «...Que les frères ne s’approprient  rien, ni maison, ni lieu, ni aucune autre chose...» (2 Rg 6,1). Il récuse absolument l’usage de l’argent ; réglemente l’habillement, modeste et unique, pas de chaussures. Les frères sont invités aussi à fréquenter volontiers les pauvres : «... être heureux de se trouver parmi les gens de condition modeste, les pauvres et les mendiants des rues...» (1 Rg 9, 2 ). Il invite les frères à pratiquer une pauvreté spirituelle faite d’abandon à la volonté de Dieu et de non-possession de sa volonté propre.

= Pauvreté en esprit.

            Plus haut que la pauvreté des biens matériels, François place la pauvreté spirituelle qui est le détachement de tous les biens, y compris de ceux inhérents à l'existence personnelle, comme les talents, les qualités morales et surtout la volonté propre :

« Bienheureux, dit-il, le serviteur de Dieu qui fait hommage au Seigneur de tout ce qui lui a été donné de bon. Mais celui qui garde pour lui un talent confié ressemble à cet homme qui cache au fond de lui-même l'argent de son maître, et ce qu'il croit avoir lui sera enlevé...»(Admonition, 19).

            Le détachement de tout ce qui pourrait être revendiqué comme le bien propre de la personne, voilà le sommet de la pauvreté ici-bas. Celle qui combat tout égoïsme, toute recherche de soi, toute confiance exagérée en soi-même. Pauvreté et humilité sont en relation étroite et l'on ne peut envier l'une sans pratiquer l'autre.

            Outre les biens matériels et les talents de chacun, François demande à ses frères de se détacher même des grâces qu’ils reçoivent sans cesse de Dieu, pour leur sanctification ou pour accomplir leur mission  évangélique, c’est-à-dire en considérant que les dons reçus de Dieu sont au service de tous et que le Seigneur opère comme il lui plaît, en chacun de nous, d’où les fréquentes consignes de ce genre :  se réjouir davantage du bien que le Seigneur dit et fait dans les autres, plutôt que du bien qu’il agit en nous et par nous.

            « Heureux le serviteur qui ne se glorifie pas plus du bien que le Seigneur dit et opère par lui que du bien que le Seigneur dit et opère par un autre. On pèche quand on veut recevoir du prochain plus qu’on ne veut donner de soi au Seigneur Dieu. » (Adm. 17)

= Renoncer à sa volonté propre (cf Adm.14)

            Cette expression qui revient souvent dans la bouche de François exprime pour lui le degré le plus élevé de la sainte pauvreté. Elle ne signifie pas assurément la démission de la responsabilité, mais au contraire un choix très raisonné de rechercher en toutes circonstances quelle est la volonté de Dieu, pour y communier pleinement, y adhérer avec toutes ses forces morales et spirituelles dans un acte d'adoration et de reconnaissance. Cela suppose une foi totale en la bonté de Dieu et en sa bienveillance vis-à-vis de chacun. Rechercher la volonté de Dieu suppose qu'à chaque instant je sois dans un état de disponibilité totale, d'écoute, d'attente, de désir de purification de mes intentions. La volonté propre n'est autre que le désir de m'affirmer comme maître de moi-même, en recherchant ce qui me paraît-être mon bien immédiat, c'est la manifestation de mon égoïsme et de ma suffisance, c'est à-dire de la confiance exclusive que je mets en moi et en mon activité. Celui qui se suffit, -ou croit se suffire-, c'est le riche qui s'imagine que ses richesses viendront à bout de ses désirs et de tous les imprévus de son existence. N'ayant pas besoin des autres, il ne se tourne pas vers eux, il ne se tourne pas non plus vers cet Autre mystérieux sans lequel aucun de nous ne subsiste et ne peut parvenir au vrai terme de son existence.

= Pauvreté et Fraternité

            Si la pauvreté est chez François une attitude théologale, elle n'en est pas moins voulue et recommandée par lui comme une nécessité de la vie fraternelle évangélique. La communion fraternelle suppose un partage des biens, dont le modèle reste la communauté de l'Église de Jérusalem décrite dans le livre des Actes des Apôtres. (Ac 4, 32).  Richesse et pouvoir sont les tentations permanentes de tout rassemblement humain. L'Église elle-même y a succombé au cours des siècles, perdant ainsi sa crédibilité évangélique. La conversion à la pratique de l'Évangile passe obligatoirement par un dépouillement et un partage. Cela est vrai de l'ensemble de l'Église, mais François n'est pas le théoricien d'une église désincarnée. On ne trouve chez lui aucune critique de l'Église ou des clercs Il se contente de vivre radicalement la conversion évangélique et d'inviter ses frères à faire de même, persuadé que la pratique de l'évangile et l'exemple des croyants comportent en eux-mêmes leur efficacité. Parce que la pratique radicale de l'évangile est une activité prophétique qui annonce l'avènement du Royaume, elle ne peut demeurer ignorée, mais elle fait l'objet d'une vérification, qui, dans le cas de la pauvreté n'est autre que la solidarité avec les pauvres.

           

            En se voulant un frère universel, c’est à dire n’excluant personne de son amour fraternel, François a compris que bien des conflits entre les hommes ont pour origine l’avidité dans la possession des biens et des richesses, tandis que la recherche commune d’une vraie pauvreté remet les frères en égalité et prêts à se servir et à s’entraider mutuellement, d’où la réponse qu’il fit un jour à l’évêque d’Assise qui s’inquiétait de le voir pratiquer une pauvreté aussi radicale :

 « Monseigneur, si nous avions des biens, il nous faudrait des armes pour les défendre..., car c’est de la richesse que proviennent les discussions et les procès ; c’est elle qui crée tant d’obstacles à l’amour de Dieu et du prochain. C’est pourquoi nous ne voulons posséder en ce monde aucun bien temporel » ( Anonyme de Pérouse. 17d).

Il ne veut pas courir le risque de manquer à la charité et à la sauvegarde de la paix en suscitant la jalousie ou l’avidité chez son prochain. 

                                                                                              Fr. Luc Mathieu, franciscain

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François d’Assise et la pauvreté franciscaine

François est connu sous le nom affectueux  de “Poverello d’Assise”, le Petit Pauvre. C’est en raison de sa recherche, puis de son amour de la pauvreté. En effet, sa conversion radicale à vivre l’Évangile de Jésus, à la lettre, se manifesta dans l’application immédiate de la Béatitude de la Pauvreté.

Le contexte social

Issu d’un milieu de nouveau riche, où l’argent était considéré comme la plus sûre valeur, il s’était dépouillé publiquement de ses biens, en présence de l’évêque d’Assise et en renonçant même à dépendre en quoi que ce soit des biens de sa famille. Dès le début  de la fraternité, Il avait contraint ses premiers compagnons à faire de même, il recherchait la compagnie des pauvres et des mendiants. Quand il écrivit, en peu de mots, une Règle de vie, il prescrivit aux Frères de n’avoir aucun bien, de ne toucher aucun denier, et même de mépriser l’argent. Plusieurs fois il renvoya de la fraternité ceux qui ne voulaient pas pratiquer ce refus de l’argent. 

Il convient de rappeler cependant que la recherche d’une vie pauvre, “selon l’Évangile” n’était pas une spécificité franciscaine. Les mouvements évangéliques populaires de France et d’Italie du Nord aux XIIe et XIIIe s.,  prescrivaient la pauvreté évangélique. Cela se manifestait déjà dans leurs  dénominations : “Les Pauvres de Lyon”, “les Humiliés de Lombardie”...etc...Tous ces groupes de chrétiens contestaient la richesse des prélats, l’alliance de l’Église avec les riches, spécialement avec les feudataires, mettaient en commun une partie ou la totalité de leurs biens et s’alliaient objectivement avec le monde des pauvres. Ils considéraient la pauvreté comme une des conditions indispensables pour promouvoir un renouveau évangélique.  Il est indéniable que l’expérience franciscaine s’inscrit pour une part dans ces aspirations populaires.  Néanmoins, elle s’en distingue très nettement par les motivations profondes que François a donné lui-même de ce choix évangélique, probablement à la suite des diverses étapes de sa conversion, de sa méditation de l’évangile, et de son expérience de la vie fraternelle.  Aujourd’hui, pour parler de la pauvreté évangélique de François d’Assise, en partant de ses écrits et des récits de ses compagnons, on totalise les divers aspects d’une expérience spirituelle qui se sont révélés à lui par étapes pour constituer une véritable doctrine spirituelle.

Une mystique de la pauvreté

Pour François, la Pauvreté est une mystique, une valeur théologale. Sans doute elle doit s’incarner dans l’amour concret pour les pauvres et dans le dépouillement effectif des biens terrestres et surtout de l’argent. Mais le véritable motif de la pauvreté évangélique, c’est que « le Seigneur Jésus lui-même, et sa sainte Mère ont choisi la pauvreté. »  Car tous les biens appartiennent à Dieu qui seul est Bon, origine de tous biens. Devant Dieu, l’homme est comme un mendiant qui attend tout de son bienfaiteur, ou mieux comme un fils qui attend tout de son Père. La spiritualité franciscaine est une spiritualité de Fils de Roi. Le Fils ne possède rien, mais il peut jouir de tout. Il ne peut rien s’approprier, et il doit tout recevoir dans l’action de grâces. Il ne peut rien accaparer pour lui seul, puisque tout est mis à la disposition de tous les fils de Dieu. C’est donc une pauvreté joyeuse, ouverte au partage. Elle est volontaire et non pas subie. Elle ne se confond pas avec une misère dégradante et aliénante. C’est pourquoi les victimes de la misère doivent être aimés et secourus.

Nous parlons de valeur théologale pour signifier que c’est en relation à Dieu et à son Christ que la pauvreté est voulue et chérie. Elle est d’abord une réponse humaine à la générosité divine qui nous a créés gratuitement et nous a comblés des biens créés et des grâces du salut en Jésus-Christ.

 « Telle est la grandeur de la très sainte pauvreté qui vous a établis, vous mes très chers frères, héritiers et rois du royaume des cieux, vous a faits pauvres en biens terrestres mais richement dotés de vertus. Qu’elle soit votre partage, elle qui conduit dans la terre des vivants. Attachez-vous à elle totalement, frères bien-aimés, et pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, refusez à jamais de ne posséder rien d’autre sous le ciel. »( 2e Règle.6,1-4).

            Ceux qui ont voulu voir en François d’Assise un  précurseur d’une révolution sociale pour la promotion des pauvres se sont trompés, en minimisant ses véritables motivations. Il est vrai qu’il a quitté Assise et le milieu des marchands, représenté par son propre père, et qu’il a manifesté ce refus en mendiant son pain et en montrant son compagnonnage avec les miséreux, et cela a beaucoup marqué ses contemporains, mais ce n’est pas pour les pauvres, ou pour les servir qu’il a choisi la pauvreté, mais bien par amour du Père qui nous a tout donné, et de son Fils Jésus-Christ qui a vécu lui-même dans la pauvreté.

On ne comprendrait rien au choix qu'a fait François de la pauvreté si l'on se contentait de l'expliquer comme une réaction contre un type de société, un simple refus du matérialisme. Son choix est totalement dépendant de sa relation à Dieu et de sa découverte du Christ qu'il veut suivre en acceptant l'Évangile et toutes ses exigences. C'est précisément cette référence explicite à l'Évangile qui fait de la pauvreté franciscaine un idéal qui peut continuer à solliciter les chrétiens de chaque génération. Les vrais raisons des engagements de François sont les conseils évangéliques : « Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu possèdes, donnes-en le prix aux pauvres…, puis viens et suis-moi.» (Mt 19,21). C'est aussi la contemplation de Dieu comme souverain Bien auquel tous les autres biens doivent être rapportés parce qu'ils lui appartiennent. Dès lors, toute appropriation des biens de ce monde apparaît à François comme un détournement. Il contemple Dieu comme un Père munificent et libéral qui fait à l'homme le don de l'existence et met à sa disposition la multiplicité des êtres créés. La vocation de l'être spirituel est de contempler la beauté et la bonté de Dieu dans toutes les créatures. A partir du moment où celles-ci seraient l'objet du désir, elles cesseraient d'être admirées gratuitement et pour Dieu.

Le Verbe de Dieu créateur et possesseur de toutes choses s'est fait pauvre en ce monde en Jésus « qui n'avait pas une pierre où poser la tête. » Il est pourtant salué, dans l'Écriture, comme le premier né des créatures et le chef de la création

Dans les deux Règles qu’il a écrites pour les frères, François insiste pour que les frères et les fraternités adoptent un dépouillement total des biens et des préoccupations les concernant : «...Que les frères ne s’approprient  rien, ni maison, ni lieu, ni aucune autre chose...» (2 Rg 6,1). Il récuse absolument l’usage de l’argent ; réglemente l’habillement, modeste et unique, pas de chaussures. Les frères sont invités aussi à fréquenter volontiers les pauvres : «... être heureux de se trouver parmi les gens de condition modeste, les pauvres et les mendiants des rues...» (1 Rg 9, 2 ). Il invite les frères à pratiquer une pauvreté spirituelle faite d’abandon à la volonté de Dieu et de non-possession de sa volonté propre.

= Pauvreté en esprit.

            Plus haut que la pauvreté des biens matériels, François place la pauvreté spirituelle qui est le détachement de tous les biens, y compris de ceux inhérents à l'existence personnelle, comme les talents, les qualités morales et surtout la volonté propre :

« Bienheureux, dit-il, le serviteur de Dieu qui fait hommage au Seigneur de tout ce qui lui a été donné de bon. Mais celui qui garde pour lui un talent confié ressemble à cet homme qui cache au fond de lui-même l'argent de son maître, et ce qu'il croit avoir lui sera enlevé...»(Admonition, 19).

            Le détachement de tout ce qui pourrait être revendiqué comme le bien propre de la personne, voilà le sommet de la pauvreté ici-bas. Celle qui combat tout égoïsme, toute recherche de soi, toute confiance exagérée en soi-même. Pauvreté et humilité sont en relation étroite et l'on ne peut envier l'une sans pratiquer l'autre.

            Outre les biens matériels et les talents de chacun, François demande à ses frères de se détacher même des grâces qu’ils reçoivent sans cesse de Dieu, pour leur sanctification ou pour accomplir leur mission  évangélique, c’est-à-dire en considérant que les dons reçus de Dieu sont au service de tous et que le Seigneur opère comme il lui plaît, en chacun de nous, d’où les fréquentes consignes de ce genre :  se réjouir davantage du bien que le Seigneur dit et fait dans les autres, plutôt que du bien qu’il agit en nous et par nous.

            « Heureux le serviteur qui ne se glorifie pas plus du bien que le Seigneur dit et opère par lui que du bien que le Seigneur dit et opère par un autre. On pèche quand on veut recevoir du prochain plus qu’on ne veut donner de soi au Seigneur Dieu. » (Adm. 17)

= Renoncer à sa volonté propre (cf Adm.14)

            Cette expression qui revient souvent dans la bouche de François exprime pour lui le degré le plus élevé de la sainte pauvreté. Elle ne signifie pas assurément la démission de la responsabilité, mais au contraire un choix très raisonné de rechercher en toutes circonstances quelle est la volonté de Dieu, pour y communier pleinement, y adhérer avec toutes ses forces morales et spirituelles dans un acte d'adoration et de reconnaissance. Cela suppose une foi totale en la bonté de Dieu et en sa bienveillance vis-à-vis de chacun. Rechercher la volonté de Dieu suppose qu'à chaque instant je sois dans un état de disponibilité totale, d'écoute, d'attente, de désir de purification de mes intentions. La volonté propre n'est autre que le désir de m'affirmer comme maître de moi-même, en recherchant ce qui me paraît-être mon bien immédiat, c'est la manifestation de mon égoïsme et de ma suffisance, c'est à-dire de la confiance exclusive que je mets en moi et en mon activité. Celui qui se suffit, -ou croit se suffire-, c'est le riche qui s'imagine que ses richesses viendront à bout de ses désirs et de tous les imprévus de son existence. N'ayant pas besoin des autres, il ne se tourne pas vers eux, il ne se tourne pas non plus vers cet Autre mystérieux sans lequel aucun de nous ne subsiste et ne peut parvenir au vrai terme de son existence.

= Pauvreté et Fraternité

            Si la pauvreté est chez François une attitude théologale, elle n'en est pas moins voulue et recommandée par lui comme une nécessité de la vie fraternelle évangélique. La communion fraternelle suppose un partage des biens, dont le modèle reste la communauté de l'Église de Jérusalem décrite dans le livre des Actes des Apôtres. (Ac 4, 32).  Richesse et pouvoir sont les tentations permanentes de tout rassemblement humain. L'Église elle-même y a succombé au cours des siècles, perdant ainsi sa crédibilité évangélique. La conversion à la pratique de l'Évangile passe obligatoirement par un dépouillement et un partage. Cela est vrai de l'ensemble de l'Église, mais François n'est pas le théoricien d'une église désincarnée. On ne trouve chez lui aucune critique de l'Église ou des clercs Il se contente de vivre radicalement la conversion évangélique et d'inviter ses frères à faire de même, persuadé que la pratique de l'évangile et l'exemple des croyants comportent en eux-mêmes leur efficacité. Parce que la pratique radicale de l'évangile est une activité prophétique qui annonce l'avènement du Royaume, elle ne peut demeurer ignorée, mais elle fait l'objet d'une vérification, qui, dans le cas de la pauvreté n'est autre que la solidarité avec les pauvres.

           

            En se voulant un frère universel, c’est à dire n’excluant personne de son amour fraternel, François a compris que bien des conflits entre les hommes ont pour origine l’avidité dans la possession des biens et des richesses, tandis que la recherche commune d’une vraie pauvreté remet les frères en égalité et prêts à se servir et à s’entraider mutuellement, d’où la réponse qu’il fit un jour à l’évêque d’Assise qui s’inquiétait de le voir pratiquer une pauvreté aussi radicale :

 « Monseigneur, si nous avions des biens, il nous faudrait des armes pour les défendre..., car c’est de la richesse que proviennent les discussions et les procès ; c’est elle qui crée tant d’obstacles à l’amour de Dieu et du prochain. C’est pourquoi nous ne voulons posséder en ce monde aucun bien temporel » ( Anonyme de Pérouse. 17d).

Il ne veut pas courir le risque de manquer à la charité et à la sauvegarde de la paix en suscitant la jalousie ou l’avidité chez son prochain. 

                                                                                              Fr. Luc Mathieu, franciscain

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Date de création : 27/10/2015 * 09:13
Catégorie : Thèmes spirituels - La Pauvreté
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Thèmes spirituels
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télécopie : 01 40 52 12 90
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de 8 h 45 à 11 h 45 et
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de 14 h 45 à 19 h 30.

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12 h : messe communautaire
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19 h : vêpres
DIMANCHE messe à 10 h 30

location des salles

Descriptif

Salle Duns Scot

80 m2, jusqu'à 40 personnes. Une salle agréable, d'accès immédiat puisque située au rez-de-chaussée.

Petites salles de réunion

Egalement au rez-de-chaussée, 4 petites salles conviviales pour 4 à 8 personnes.

Salle Saint-Antoine de Padoue

de 100 à 300 m2, avec une scène (jusqu'à 200 places).

Une salle moderne, en sous-sol, avec une vaste scène, un rideau électrique. Une puissante sono, avec micros fixes et sans-fil. Connection internet haut-débit, vidéo-projecteur. L'éclairage permet de diviser la salle en différentes zones, et distingue la scène de la salle. Une salle donc spécialement adaptée aux conférences.

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